|
Voici le douzième fascicule transcrit du manuscrit de l’abbé
Beaupère intitulé « Histoire de la ville de Bonneval et de son abbaye».
Le chapitre Eglise et Cure de St Maurice commence à la page 364,
jusqu'à la page 369, le chapitre des Troupes, Campemens des Romains
et des Anglois, Monumens anciens, commence à la page 369, jusqu’à
la page 393 du manuscrit.
Le 15 Juin 1823, Mr Lejeune écrivait une sorte de préface au
manuscrit, intitulée «sur l’auteur de cette histoire», où il nous
livre quelques traits de caractère de l’auteur «e Beaupère avait
de l'instruction, l'esprit caustique et mordant», à vrai dire, peu
de chose, né à Bonneval le 28 avril 1771, Mr Honoré Félix-André
Lejeune, n'a connu le curé Beaupère que par ouï dire.
En plusieurs, circonstances, au cours du récit d’anecdotes,
de faits divers, le curé Beaupère nous livre quelques éléments de
son caractère. Nous en rapportons ici deux exemples.
Aventure arrivée à l’auteur envers trois cavaliers de la
compagnie du Régiment de Stanislas en 1726. ( Beaupère a 17 ans)
Le 5e 9bre 1726, je me vis à la veille de faire le coup avec
trois cavaliers de cette compagnie. J'etois allé à la chasse avec
deux des fils de Mr Le Gros receveur de l'Abbaye, que nous joignimes
au bois de Richievre, ou il chassoit lui-même avec quelques uns
de ses amis, et ses deux gardes, dans le moment ou j'arrivai avec
lui, ses chiens se firent une lièvre, qui étoit dans ce bois, le
chien de ses cavaliers qui chassoient près de nous, le fit rabattre
dans le bois, un levrier le prit, celui qui lui arracha de la geule,
me le donna à tenir, les cris qu'il faisoit pendant que je le tenoit
attira le chien qu'avoient ses cavaliers. Mr Le Gros le fit arrêter
par un de ses gardes; les cavaliers arrivèrent dans le même instant,
qui croiant que c'etoit ce chien, qui l'avoit pris voulurent me
l'arracher des mains; Mr Le Gros parut et un autre chasseur, on
se monte de parole de part et d'autre; les cavaliers armoient déjà
leurs fusils, et je vis le moment qu'on alloit se fusiller; mais
nos autres chasseurs qui avoient entendu la dispute parurent a propos
et en imposèrent aux cavaliers, qui capitulèrent pour leurs chien,
et se retirèrent peu contents. Mais je l'etoit beaucoup; car comme
j'avois envie d'embrasser l'état ecclésiastique, j'abhorrois déjà
le sang, dont l'effusion auroit dérangé ma vocation, quand bien
même je n'auroit pas péri dans le combat.
Mort de Mr De Saxe, en 1751.
Je rapporte cette époque de la mort de ce prince étranger, parce
qu’elle pensa occasionner icy une affaire sanguinaire; des qu’il
y eut rendu les derniers, on fit deloger son régiment de Chambort;
il y avoit une compagnie entière de nègres, qui en partit la première,
pour être dispersée dans différent régiments pour en faire des timbaliers,
des trompettes, ou des tambours. Parmy ces nègres il y en avoit
beaucoup, qui étoient malades, et quand menoit des voitures de logement
en logement; quand ils allèrent de Chateaudun à Illiers, on fut
obligé de les passer par icy à cause des mauvais chemins; lors qu’ils
entrent dans la ville, un enfant se mit à crier voila une charretée
de diables; en un instant tous les enfants de la ville, se joignirent
à lui, et crièrent la même chose. Un de ces nègres fâché de cette
huée descendit précipitamment de la voiture le sabre à la main,
et il alloit en sabrer quelqu’un lorsque par hazard je me trouvai
près de lui. Je l’engageai a ne pas se fâcher de cette mauvaise
plaisanterie faite par des enfants; il se calma; et remonta dans
sa voiture, qui ne fut plus suivie des enfants, qui craignoient
les coups de sabre de ces diables qui n’avoient pas envie de rire.
Les Amis de Bonneval
Copyright (c)
2011 Les Amis de
Bonneval. Tous droits réservés.
|