Sans souci des lazzis, une mission astronomique en quête de phénomènes célestes transporte à dos d'âne son matériel : un vaste télescope constellé d'astres et d'étoiles. Nos astrologues entreprennent déjà, paraît-il, leurs calculs pour la prochaine éclipse solaire de 1999. Probable qu'ils devront laisser à d'autres le soin de vérifier leurs données.Déambulant de groupe en groupe un bon pitou en goguette accompagné de sa payse obtient un certain succès. Sous leurs dehors modernes, ne personnifient-ils pas au même titre que la reine du jour des divinités anciennes. Pas vrai. Vénus ! Et puis toi. Mars !Idyllique et combien touchant !Voici venir après, le char de la mère Cigogne — une colossale nounou se présente à l'avant, semblant protéger de sa corpulence une géante barcelonnette garnie de bleu ciel et de blanc, toute pleine d'une progéniture — une vingtaine d'enfants, excusez du peu — costumée a ravir. Ils s'ont tout élevés, aussi la mère Cigogne ne paraît-elle pas en avoir autrement souci, il est vrai que pour ce soin elle se repose sur d'aimables remplaçantes.La façon dont celles-ci s'acquittent de leur mission vigilante dénote qu'elles feront plus lard de charmantes petites mères de famille. Aussi, garçons, faites votre choix, vous ne serez pas trompés, vous ferez un gentil petit ménage auquel je souhaite de suivre l'exemple de la plantureuse mère Cigogne... pour la race et pour le pays !

Quelle est celle grue puissante? A la chaîne est suspendue un tableau de la trop célèbre Joconde C'est l'évocation du fameux enlèvement !Si Monna Lisa a le sourire, elle le communique à la foule>amusée ! A la grosse farce, succède la délicatesse . Quelle fraîcheur, quel goût exquis ! Pour symboliser les jolies fleurs, on a fait appel à, d'autres fleurs, en l'espèce de gracieuses jeunes filles habillées de pétales de roses. Ellessont groupées sur un char aménagé en terrasse, du meilleur effet. Autour d'elles sont posées des libellules, aux ailes diaphanes, toutes prêtes à prendre leur essor.Pour aller voir les fleurs écloses Et cueillir aux lèvres des roses L'âme d'avril.De joyeux bigotphones, à la turque, font une escorte à ce char du printemps comme, à celui de l'Agriculture, que tirent, derrière, quatre bœufs puissants.De nombreux attributs professionnels y figurent : charrues, herses, le tout joliment présenté dans de la verdure enguirlandée, découvrant à la base de l'élégante tonnelle de croisillons, où tronent la déesse et ses compagnes, des tableautins champêtres.Si le char est très admiré, la Reine Mlle Gabrielle Laurent et sa cour, ne le sont pas moins.

   Suivent Chanteclair et sa basse-cour, des cavaliers Louis XV, dont l'air vainqueur et l'allure décidée, nous font trembler un peu pour la vertu de la rosière,que le maire de sa commune, en grande tenue accompagne, flanqué des représentants de l'autorité.Et voilà, le New-Américan cirq. Entre autres attractions : l'ours blanc, qu'un énergique dompteur fait travailler même en liberté: tout prêts à montrer leurs talents. des acrobates et athlètes vigoureux.Et !e cortège continue, soulevant de joyeuses exclamations sur son passage par un défilé de bicyclettes fleuries.Voici le char de la Paix armée. La France est représentée par une jeune fille coiffée d'un bonnet phrygien. Dans un décor de drapeaux elle est adossée à une tourelle blindée, hérissée de canons. Au dessus de sa tête, un fuselage d'aéroplane symbolise notre cinquième arme sur laquelle nous fondons tant d'espoir.Marins, fantassins, l'arme au pied, nos défenseurs d'aujourd'hui, l'air décidé, entourent la France. Sur leurs traces sont prêts à marcher gymnastes et jeunes gens qui occupent avec eux le char.

Encore des cavaliers — chevauchée espagnole — puis les bornes-fontaines qui, lasses de faire le pied de grue au coin des rues, se sont senties animées du môme esprit de... fuite que les becs de gaz tout à l'heure. Derrière elles un énorme accordéon. Un barde breton avec un accompagnateur au piano y débite les chansons de la cavalcade et il a du succès !Puis, en landau, passent, heureux de constater l'allégresse générale, MM. Couppé, Chauvin, Claveau et Poussant, présidents et vice-présidents de la fête. Comme ils sont gentils ces deux bambins dans leur chaise à porteurs, promenés sur tout le parcours par deux laquais à culotte et perruque. Ils obtiennent un joli succès ! Encore de minuscules figurants, non moins mignons venant de Landerneau. Ils déménagent dans une voiturette traînée par un âne. Leur mobilier tient dans un immense panier, ils n'ont pas oublié avec eux leur berceau...Et c'est toute une maison roulante qui se déplace, échafaudée sur une automobile. La cloche de bois tient lieu d'enseigne ! ou bien c'est le croissant de lune qui se balance à l'arriére.

 texte : la Dépèche d'Eure et Loir du 01 mai 1912 - Cartes postales : collection fondation Sidoisne

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